
C’était un vote serré auquel il fallait s’attendre mais dont le résultat aura des conséquences notoires sur l’avenir du parti. Avec 167 voix pour et 101 contre (et 23 abstentions), le conseil nationwide du Parti socialiste (PS) a validé dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 mai l’accord conclu avec La France insoumise (LFI) près de quarante-huit heures plus tôt, comportant un volet programmatique et une répartition électorale pour les élections législatives. Le PS rejoint donc LFI, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF) au sein de l’alliance de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pour le scrutin des 12 et 19 juin.
Alors que le conseil nationwide – sorte d’assemblée du PS qui regroupe plus de 300 représentants du parti sur tout le territorial nationwide – avait commencé aux alentours de 19 h 30 au siège du parti à Ivry (avec une partie de ses membres en visioconférence), les discussions houleuses d’avant le vote se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. Un révélateur de l’enjeu de ce conseil nationwide, que le président de l’occasion, Luc Broussy, qualifiait, déjà en amont de sa tenue, comme « le plus vital, le plus essential, de l’histoire récente du Parti socialiste ». Le résultat du vote a été connu peu après minuit.
Fronde et opposition interne très forte des ténors du parti
Et pour trigger : au sein du parti à la rose, de nombreux ténors se sont opposés frontalement à cette alliance avec les « insoumis » ces derniers jours et ont tenté de convaincre en interne de ne pas adopter cet accord. L’ancien ministre Stéphane Le Foll, l’ex-chef du gouvernement Bernard Cazeneuve, l’ancien premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, ainsi que l’ancien président de la République François Hollande, estiment que cet accord représente un reniement de leur parti et de ses valeurs.
Leur place sur l’Union européenne, la laïcité, les questions internationales, la réforme des retraites sont, pour eux, autant de divergences programmatiques avec LFI que de lignes rouges à ne pas franchir. De ce fait, Bernard Cazeneuve a annoncé quitter le PS, mercredi, avant même le vote du conseil nationwide.
Un autre level de friction notable depuis mercredi, qui aurait pu faire basculer le vote, était celui des circonscriptions. Le PS n’a, en effet, obtenu que soixante-dix investitures à l’situation des négociations avec les « insoumis » dans la nuit du mardi 3 mai au mercredi 4 mai, ne voyant aucun candidat rose présenté dans trente départements, malgré son ancrage native.
Une alliance défendue par la route du parti
Mais le souhait de cet accord était toutefois réel au sein du PS. Il était porté par la route, majoritaire dans les situations internes, et appuyé par plusieurs élus locaux s’étant prononcés en faveur de l’union des partis de gauches, après l’échec historique de la candidate du PS au premier tour de la présidentielle – Anne Hidalgo ayant obtenu seulement 1,75 % des voix – et la troisième place acquise par Jean-Luc Mélenchon (21,95 %).
Le premier secrétaire, Olivier Faure, partisan de cette union depuis longtemps, a ainsi plaidé pour un rapprochement avec les « insoumis », alors que les tensions, les lignes de frictions et les attaques entre les deux partis ont été nombreuses durant la campagne présidentielle.
Le conseil nationwide du PS avait donné d’ailleurs son feu vert à la route du parti pour négocier avec les « insoumis » par un vote le 20 avril (160 pour, 75 contre et 10 abstentions), alors que ces derniers avaient déjà commencé leurs échanges avec les écologistes et les communistes – avec qui un accord a été conclu, respectivement, dimanche et lundi.
Alors que l’situation du vote était encore incertaine jeudi matin, Olivier Faure avait défendu l’accord conclu avec les « insoumis » sur BFM-TV. Balayant les critiques des opposants internes à cette alliance, il avait fait valoir que « le vrai Parti socialiste, c’est un Parti socialiste qui a accepté dans son histoire d’être un parti qui bousculait, avec [François] Mitterrand, avec [Lionel] Jospin, qui avait accepté l’idée d’aller vers une forme de radicalité ».